B) Le malade et sa maladie
Il est difficile d’identifier des traits de personnalité qui correspondraient à un type de patient répondant toujours aux placebos. Cela indique sans doute que la réponse au placebo dépend de nombreux autres facteurs qu’une simple prédisposition individuelle.
Cela dit, les attentes qu’entretient un patient face à un traitement donné ont une grande influence sur l’apparition d’un effet placebo. Ces attentes sont si importantes que, si un patient doute de l’efficacité d’une chirurgie qui pourrait par exemple le soulager d’un mal de dos chronique, certains médecins vont essayer d’éviter cette intervention.
Les croyances d’un patient peuvent aussi influencer l’efficacité d’un placebo particulier. Les personnes croyant en des entités surnaturelles ont ainsi mieux répondu à l’effet placebo d’essences florales lorsqu’elles leur étaient présentées en évoquant de telles entités que si on les présentait comme un simple médicament issu de l’industrie pharmaceutique. Et vice-versa pour les personnes plus rationnelles et sceptiques.
La nature et l’intensité de la maladie peuvent influencer l’effet placebo. On estime le taux moyen de réponse placebo de 30 % (avec d’importantes variations, puisque, selon les études, la réponse placebo variait de 46 à 73 % pour les patients atteints de maux de têtes, de 20 à 58 % pour les migraineux, de 3 à 60 % pour les hypertendus, de 14 à 84 % pour les rhumatisants et 20 à 60 % pour les dyspeptiques), tous les auteurs s’accordent à reconnaître que ce chiffre moyen de 30 % ne veut pas dire grand-chose. A titre d’exemples, l’effet placebo est nul dans les septicémies et peut atteindre 80 % dans la douleur de l’ulcère duodénal.
Cependant, les maladies ayant une large part psychosomatique, c’est-à-dire des maladies où les facteurs émotionnels jouent un rôle important, augmentent les chances de réponse placebo. Celles produisant une souffrance intense avec un grand désir de la voir disparaître aussi.
L’effet placebo est aussi plus efficace avec les troubles ayant une composante subjective, comme la dépression, l’anxiété ou la douleur.
Ils peuvent être très utiles pour le sevrage des insomniaques. Dans ce cas, les médecins, toujours en accord avec les patients, préparent à l’avance des piluliers contenant des placebos et des somnifères. Le patient doit alors tenir quotidiennement un journal. Il y note la qualité de son endormissement et le déroulement de ses nuits. Puis, après quelques jours, il revoit son médecin et, ensemble, ils croisent les informations notées sur le cahier avec le type de prise. L’objectif est de faire en sorte que la personne prenne conscience qu’elle peut dormir sans somnifère. En général, le sevrage peut durer quatre à six semaines. Mais cela ne signifie pas pour autant qu’un placebo équivaut à une absence totale de réaction de l’organisme humain.
Il est impossible de prédire avec certitude avant l’administration d’un produit si un effet Placebo surviendra ou non d’après les données de l’entretien, de l’examen préalable du patient, et même des tests psychométriques. Un même patient peut répondre ou non à un Placebo à différents moments de l’évolution d’une maladie. Cette inconstance de l’effet placebo rend illusoire tout espoir de détection préalable du candidat éventuel à un traitement placebo.
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